La Gaume
« Il y a, tout au fond de notre petit pays, une contrée généreuse et clémente, protégée par le rempart nordique qu’est le massif ardennais. Ce lopin de terres belges où les pierres ont la couleur du soleil s’appelle… la Gaume » Cette phrase poétique et révélatrice du caractère atypique de la Gaume introduisait l’article sur la région des camps de 1997. En effet, ce n’est pas la première fois que les jeunezénaturiens déplieront leurs bagages le temps des camps d’été à Halanzy !
Situé à l’extrême sud de la Belgique, non loin des frontières française et luxembourgeoise, Halanzy est un petit bourg caractéristique de la Gaume. Mais quelle est donc cette région ?
Milieu physique
La Gaume, aussi appelée la Lorraine belge, s’individualise de l’Ardenne par une alternance de côtes et de dépressions provoquées par l’érosion différentielle des couches successivement dures et tendres du sous-sol. Ces couches géologiques ont été formées, il y de nombreuses années, dans le fond d’une mer disparue aujourd’hui. La dureté des couches dépend de la nature des matériaux sédimentés, ainsi le sable et les coquillages ont formé des couches dures en grès calcaires tandis que les boues et les vases ont créé des couches tendres argileuses en schiste. Les couches présentent une pente faible vers le sud. Les rivières qui coulent perpendiculairement à la pente érodent les couches tendres et donnent ainsi naissance à un paysage de « cuestas ». Les cuestas se présentent sous forme de crêtes asymétriques, orientées d’ouest en est. Le front, en roche dure, est abrupt et orienté face au nord tandis que le revers, en pente douce, est exposé au sud et constitué de roche tendre. La Gaume compte trois cuestas, en venant du nord, on rencontre successivement la cuesta sinémurienne, qui fait face à l’Ardenne, la cuesta du Lias moyen, peu marquée, et pour finir la bajocienne. Les paysages gaumais, sont marqués par de larges bandes boisées qui suivent les cuestas entre lesquelles courent des prairies et des bocages.
La géologie n’est pas le seul élément qui caractérise cette région ! La Gaume profite également d’un climat favorable. En été le climat de la Lorraine belge est plus continental, donc plus chaud, car les hauts plateaux ardennais, au nord, forment une véritable barrière face à l’influence de l’océan, c’est-à-dire à la pluie et aux vents. En hiver, par contre, le climat y est plus doux qu’en Ardenne grâce, entre autres, aux vents d’ouest, à l’orientation favorable due à la pente douce vers le sud ainsi qu’à la composition calcaire du sous-sol qui garde la chaleur. On y trouve encore de nombreux villages de vallée dans leur structure originale où les bâtisses traditionnelles sont en moellons de calcaire gréseux.
Milieu biologique
Le sous-sol calcaire, le climat continental et les nombreuses rivières entrainent inévitablement un milieu naturel riche et varié comme en témoignent les nombreuses réserves naturelles de la région, de Torgny à Vance en passant par le célèbre camp militaire de Lagland. La Semois est une des rares rivières qui a encore un cours naturel, avec des débordements réguliers en fin d’hiver et un lit qui n’a pas été canalisé (hormis en Haute-Semois) et dont les méandres évoluent encore régulièrement. C’est certainement pour ces différentes raisons que la Lorraine, tout comme la Fagne-Famenne, sont considérées comme les régions les plus riches d’un point de vue naturel en Région wallonne.
La Gaume est un territoire riche en zones humides : ruisseaux, marais… On y trouve une grande variété de milieux notamment des tourbières acides et alcalines, des mardelles. Des espèces animales et végétales devenues rares s’y rencontrent, on peut citer l’Hottonie, la Parnassie ou encore la Pédiculaire des marais mais aussi les laîches et les orchidées. Ces sites abritent des rousserolles effarvates et turdoïdes, des locustelles tachetées et luscinoïdes ou encore des busards cendrés. Il existe également une espèce de papillon endémique de la Gaume, il s’agit du Cuivré des marais. Ce papillon de jour, aux couleurs orangées, dépend, tout au long de son cycle, de plantes présentes dans les zones humides pour la ponte, le développement de la chenille et la vie au stade adulte.
La Gaume abrite également un grand nombre d’habitats naturels ouverts et notamment des habitats prairiaux. Ce type d’habitat comprend aussi bien des prairies sèches, à la végétation rase, que des prés maigres de fauche à la floraison spectaculaire. Dans les environs du camp, on trouvera principalement des prairies de fauche, des prairies alluviales à bistorte, des prairies pâturées avec des arbres isolés et des haies où vivent de nombreuses espèces animales. Les pies-grièches se plaisent à chasser dans ces milieux tout comme les milans, les chauves-souris ou les cigognes noires.
A proximité immédiate du camp, les prairies dominent le paysage mais plus au nord, la forêt occupe de larges parties du territoire. Contrairement aux forêts d’épicéas d’Ardenne, la forêt gaumaise est généralement constituée de feuillus comme par exemple le Hêtre. Dans les bois, le Hêtre est souvent associé à l’Aspérule, la fleur qui entre dans le processus de fabrication du Maitrank, boisson caractéristique du terroir lorrain.
Terre à la faune et à la flore remarquables, la Gaume est une région d’intérêt botanique et ornithologique précieux. Entre marais, mardelles, pelouses calcaires, ou encore zones boisées il y en aura pour tous les goûts, alors Halanzy !